Packet radio et Minitel


Article paru dans la revue Mégahertz de mars 1987

 


Il est possible de s'équiper packet radio en deux soirées de câblage et une demi heure de réglage, mais ceci à condition de disposer d'un terminal vidéo ou d'un micro-ordinateur transformable en terminal.

Or, il se trouve que les P et T distribuent à leurs abonnés des minitels, lesquels ne sont autre que des terminaux.

Cet article se propose de décrire l'utilisation d'un minitel dans une installation packet radio.

LA PARTIE PACKET RADIO

Il s'agit ici de la carte PK1-HBBN modifiée FIAAV. Rappelons que cette carte en circuit imprimé double face à trous métallisés est fournie par F6ABJ en même temps qu'une EPROM programmée à votre indicatif, le tout pour la somme de 250 F, documentation détaillée comprise. En plus, sont nécessaires un Z80 A CPU, une ou deux RAM statiques 6264 (ou 5565), un XR 2206, un XR 2211, un quartz 3,579545 MHz et quelques composants classiques et CI CMOS.

L'ensemble est câblé en moins de deux soirées et fonctionne au premier allumage, sauf erreur de câblage bien entendu. La mise au point telle qu'elle est décrite dans la notice est quasiment instantanée, dans la mesure où l'on dispose d'un fréquencemètre BF et d'un générateur BF.

Notons qu'il ne faut pas monter deux ponts à côté de D4, comme indiqué au paragraphe 8 des instructions de montage.

LE TERMINAL

La liaison entre la carte PK1 et le terminal se fait en RS 232, c'est-à-dire avec des signaux variant entre plus ou moins 10 à 12 volts; c'est un standard classique connu de tous les terminaux sauf des minitels.
Certains terminaux se contentent de signaux variant entre 0 et +10 à +12 volts; ce sera le cas pour l'interface que nous allons décrire, ce qui présentera l'avantage de simplifier légèrement le câblage de la carte PK1 comme suit:

Les diodes Zenner de 12 V branchées respectivement entre IC8 et R25 et R26 sont supprimées et remplacées par des ponts en fil de masse.

Le NE555 utilisé en générateur de -10 V disparaît ainsi que tous ses composants annexes, et les émetteurs de T3 et T4 qui normalement allaient au -10 V sont réunis à la masse par un pont de court-circuit.

Signalons que la carte PK1, ou plutôt son logiciel, s'adapte tout seul au standard du terminal qui lui est adjoint, après un reset et une pression sur la touche return : le PK1 repère la vitesse de transmission du terminal, le nombre de bits de données, le nombre de bits start et stop et répond de manière compatible, sauf avec le minitel.

LE MINITEL

Lés minitels modèle 1 ne sont pas intéressants dans une application packet radio car ils ne disposent pas, entre autres, de la touche "control", nécessaire pour certaines commandes du PK 1. Il faut demander aux P et T le modèle M1 B ; ce modèle est compatible ASCII et même ASCII français avec minuscules et

Figure 1

caractères accentués. Il semblerait qu'il soit plutôt destiné aux abonnés ayant des applications professionnelles, mais l'expérience a montré que les Télécoms acceptaient d'en distribuer aux abonnés souhaitant utiliser leur minitel dans des applications informatiques, et, en particulier, désirant le brancher
sur une imprimante.

Il est même possible de se faire reprendre un ancien modèle M1 en échange d'un M1B, tout ceci sans taxe d'abonnement supplémentaire.

Le minitel M1B dispose à l'arrière d'une prise DIN 5 broches dont le détail est donné figure 1.
A l'allumage de l'appareil, il est nécessaire de frapper Fonction TA puis Fonction TE pour se retrouver en mode terminal ASCII; entrée et sortie s'effectuant via la fiche DIN.

L'écran fonctionne alors en mode 80 colonnes.

On effectue Fonction T en appuyant simultanément sur la touche "Fonction" et sur la touche "T".

Pour obtenir de l'ASCII français, il faut taper Fonction TF au lieu de Fonction TA. Ceci est expliqué dans la notice jointe.

Il est facile, avec quelques transistors ou circuits intégrés, de passer du standard TTL au RS232, surtout limité à 0 +12 V ; malheureusement cela ne suffit pas car, si le minitel est parfaitement compris par la carte PK 1, il n'en est pas de même dans l'autre sens et l'écran affiche un pavé blanc à la place de la moitié des caractères reçus.

Figure 2

Il s'agit à l'évidence d'un problème de parité, ceci est en général soluble de trois manières:

1) Programmation du terminal sur la forme des mots binaires qu'il doit recevoir; cette possibilité existe sur tous les terminaux, le plus souvent par l'intermédiaire d'une rangée d'interrupteurs (dip switches). Rien n'est précisé quant à une telle possibilité sur la notice du M1B.
2) Modification de la carte PK1.
3) Réalisation d'une interface.
Côté PK 1, la seule solution consisterait à modifier le programme contenu dans l'EPROM 2764 ; en attendant cette éventualité et sans plus de précision sur le minitel, c'est la 3° solution qui a été retenue.

INTERFACE MINITEL PACKET

Dans le sens minitel vers PK1, la seule chose à faire est de transformer les signaux 0 +5 V du minitel en

Figure 3

signaux 0 +12 V pour le PK1 ; les signaux doivent en plus être inversés comme l'indique la figure 2.
Un seul transistor peut se charger de cette fonction, un 2N2222 en l'occurrence (figure 4).

Dans le sens PK1 vers minitel, il faut en plus faire apparaître un bit de parité paire; un UART AY3 1015 va se charger de cela (figure 3).

 


La partie réception de l'UART reçoit en série le signal venant de PK1, elle la transmet sous forme parallèle au buffer d'émission qui la retransforme en mode série, mais avec parité convenable, pour l'envoyer vers le minitel.

°L'interface décrite ici a été réalisée pour fonctionner à 1200 bauds qui est la vitesse à laquelle travaille le M1 B dès son allumage. Pour ce faire, l'UART a besoin d'un signal d'horloge à 16 x 1200 = 19200 Hz ; ce signal est fourni par un NE555 monté en astable (figure 4). Le réglage de la fréquence se fait à l'aide du potentiomètre ajustable 470 Ohms10 tours.

D'après sa notice, le minitel devrait fournir sur la broche 5 de sa fiche DIN, une tension de 8,5 V utilisable par les appareils auquel on le réunit.

Figure 4

U ne telle tension serait insuffisante dans notre cas où 12 V au moins sont nécessaires.

Par chance, la notice semble être fausse puisque la tension mesurable sur cette borne est de 13,6 V. L'interface décrite ici est donc alimentée directement par le minitel, le +5 V nécessaire à certains composants étant fourni sur la carte par un régulateur 7805 monté avec un petit radiateur.

Si vous recevez un minitel conforme à la notice, il vous faudra réaliser en plus une petite alimentation 13,6 V 300 mA pour alimenter l'interface.

Selon l'UART utilisé, il peut être nécessaire de fournir une tension négative à sa borne 2 (seul l'A Y5 1013 nécessite cette tension négative; l'AY3 1015 n'en a pas besoin et sa borne 2 peut être laissée en l'air). Si vous devez acquérir déjà un A Y5 1013, il est possible de l'utiliser en câblant le circuit inverseur de tension décrit dans l'encadré de la figure 4.

Figure 5

Le signal à 19200 Hz fourni par le NE555 est amplifié par un 2N2222 avant d'attaquer un ensemble émetteurs suiveurs PNP-NPN. Cette tension "bufférisée" est ensuite redressée par le doubleur de tension à lN4148 pour fournir les -9 à -10 V nécessaires à la borne 2 de l'AY5 1013.

La borne 21 de l'UART est une borne Reset, elle peut normalement être réunie en permanence à la masse; le circuit imprimé (figure 5) prévoit cependant son alimentation à travers une porte 7400, en cas d'application future où serait nécessaire cette fonction Reset. L'entrée du 7400 est laissée en l'air afin d'avoir les 0 V nécessaires sur la borne reset.

Après inversion et passage aux niveaux TTL 0 +5 V, les données séries issues de RxD de la carte PK1 attaquent la borne 20 de l'UART (entrée réception série). L'information se retrouve sous forme parallèle sur les bornes 5 et 12 (sortie réception parallèle). Ces données parallèles sont appliquées directement sur les bornes 33 à 26 (entrée émission parallèle) pour ressortir enfin borne 25 sous forme série (sortie émission série).
Deux portes 7400 servent d'isolation avant d'aller vers le minitel.

Figure 6

Le format de ce signal série dépend des niveaux appliqués aux bornes 35 à 39.
La borne 35 à la masse provoque la présence d'un bit de parité.


La borne 39 en l'air (ou au +5 V) fait que cette parité est paire.


La borne. 36 en l'air (ou au +5 V) produit deux bits stop et l'ensemble borne 38 à la masse et 39 en l'air donnent un format des mots série sur 7 bits.

L'UART, en faisant passer sa borne 22 au niveau logique 1, fait savoir qu'il est prêt à recevoir une donnée parallèle sur ses bornes 33 à 26.

En faisant passer sa borne 19 au niveau 1, il signale qu'une donnée série vient d'être reçue borne 20 et qu'elle est déjà prête sous forme parallèle bornes 5 à 12.
Ces deux signaux via la porte 7400 déclenchent un mono stable 74123 qui envoie une impulsion descendante sur la borne 23 de l'UART.

Figure 7

Cette impulsion commande la prise en charge de la donnée parallèle par le buffer d'émission et sa sortie série sur la borne 25.

Ceci étant fait, le second monostable envoie une impulsion descendante sur la borne 18 de l'UART, ce qui a pour effet de remettre à zéro les sorties 19 à 22. L'UART est prêt à recevoir et à transférer une nouvelle donnée.

L'allure de ces signaux est résumée figure 5.

Parallèlement, l'UART fournit borne 24 les signaux nécessaires à la régulation du flot des données arrivant de la carte PKI (signal RTS).

MISE AU POINT

La seule mise au point consiste à régler le potentiomètre ajustable de 470 Ohms afin d'obtenir 19200 Hz sur les bornes 17 et 40 de l'UART.

André Ducros F5AD

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