L'antenne Beverage

Une antenne de réception bandes basses

Article paru dans la revue Mégahertz

de novembre, décembre 1990 et janvier, avril 1991

 

S'assurer une bonne réception sur les bandes basses n'est pas chose facile. Les signaux des correspondants lointains ont beau être forts, les divers brouillages gênent leur compréhension. La solution reste de s'orienter vers des aériens à rendement faible mais au lobe de rayonnement relativement pointu. La Beverage est un bon exemple.

Sur les bandes basses (fréquences inférieures à 10 MHz), les difficultés rencontrées dans la réception de correspondants lointains ne sont pas toujours dues à la faiblesse de leurs signaux, mais à la force des brouillages qui ont tendance à les recouvrir: bruits atmosphériques, parasites industriels, stations européennes.

La relative puissance des signaux reçus, même venant de loin, permet de s'orienter (pour la réception uniquement), vers des antennes à rendement faible, mais présentant des lobes de rayonnement pointus dans certaines directions, ou favorisant les angles d'arrivée faibles au-dessus l'horizon, donc favorisant les signaux DX au détriment des signaux européens.

En effet, les signaux proches européens ont tendance à nous arriver du ciel (angles d'arrivée de 40 à 50° et au-dessus), tandis que les signaux DX sont plus tangents à la surface du globe et peuvent arriver sous des incidences faibles (20°, parfois moins).

Une antenne favorisant les angles d'arrivée faibles au détriment des angles d'arrivée élevés, même si elle n'a pas de gain, même si elle a un gain négatif, va améliorer le rapport signal DX sur signal local. On n'en demande pas plus sur les bandes basses.

La question serait différente sur les bandes hautes où les signaux peuvent être faibles, et où une antenne à mauvais rendement rendrait le récepteur partiellement sourd.

Il est connu que le fait de placer une antenne haut par rapport au sol, permet des angles de départ faibles, donc le DX. Sur les bandes basses, ce principe reste valable en émission, quoi qu'il ne soit pas toujours possible de hisser bien haut les antennes en terme de longueur d'onde. Pourtant, les bienfaits sur le trafic DX observés en émission en hissant les antennes le plus haut possible ne se retrouvent pas aussi nettement en réception, en effet il existe toujours des folioles de rayonnement importants dirigés vers le ciel, si bien que les signaux européens bénéficient eux aussi du gain de l'antenne et ne sont pas défavorisés par rapport aux signaux DX.

L'antenne de réception idéale sur les bandes basses devra donc surtout rejeter les angles d'arrivée élevés, elle devra aussi être directive dans le plan horizontal; autant dire que les dipôles demi ondes et les verticales ne remplissent pas ces conditions.

 

 

 


HAROLD BEVERAGE

Harold Beverage, qui eut un temps l'indicatif amateur W2BML, travaillait, dans le début des années 20, avec d'autres collaborateurs, sur la réception professionnelle des grandes et très grandes ondes. Ils découvrirent un type d'antenne qui avait tendance à réduire les brouillages grâce à sa directivité intrinsèque, mais qui en plus, semblait moins sensible aux parasites statiques que des antennes plus classiques.

D'autres travaillèrent ensuite sur ces aériens, mais dans des plages d'ondes plus courtes qui sont pour nous aujourd'hui les bandes basses. L'antenne correspondante a gardé le nom de Beverage, elle est parfois aussi appelée " wave antenna " dans la littérature anglo-saxonne.

PRINCIPE DE L' ANTENNE

L'antenne est constituée par un long fil horizontal, courant au-dessus du sol, et chargé à une extrémité par une résistance reliée à la terre (figure 3).

Deux points la différencient de l'antenne long fil chargée: sa hauteur au-dessus du sol, qui peut, et même doit être faible; et le fait qu'elle s'accommode parfaitement d'un mauvais sol puisque son rendement n'est pas un critère important, dans la mesure où cette antenne ne sert pas en émission.

 


VALEUR DE LA RESISTANCE

Du fait de la longueur du fil, et de sa proximité du sol, (nous reviendrons plus précisément sur ces points), l'antenne peut être considérée comme une ligne bifilaire chargée; le deuxième élément de la ligne n'étant autre que l'image électrique du fil dans le sol. Le sol n'étant pas, et de loin, un conducteur parfait, nous avons affaire à une ligne à pertes.

La résistance R doit charger cette ligne de manière qu'elle fonctionne en ondes progressives; sur sol parfait, sa valeur peut être donnée par la formule:

R = 138 log(2.h/d)

avec h la hauteur du fil par rapport au sol, et d son diamètre, tous deux exprimés dans la même unité. R est obtenu en ohms. le logarithme est le logarithme décimal, donné par la plupart des calculatrices.


Dans la pratique, la valeur de R se situe entre 400 et 600 Ohms ; par exemple, avec h = 2,5 m (250 cm) et d = 2 mm (0,2 cm), on a :

R = 138 log(2x250/0,2)=138 log (2500) = 138 x 3,4 = 470 Ohms

Sur sol réel, la valeur ainsi calculée est toute théorique, et la valeur optimale peut être recherchée autour de celle calculée par expérimentations successives, jusqu'à obtention du meilleur rapport avant arrière de l'aérien. Autant dire que ce conseil est tout à fait gratuit, car il n'est pas évident d'optimiser des rapports avant arrière sur une antenne non rotative, et sur des signaux décamétriques affectés de fading. En pratique, on en reste généralement à la valeur calculée, bien que certains se soient déjà lancés dans ce type d'essais, allant même jusqu'à ajouter une self, réglable, en série avec la résistance afin d'améliorer encore les performances en directivité.

La résistance sera un modèle au carbone, non bobinée, capable de dissiper une dizaine de watts (dix résistances de 4700 Ohms 1 W dans l'exemple précédent). Une résistance de 470 Ohms 1 W, ou même moins, suffirait puisque l'antenne n'est utilisée qu'en réception, mais il est préférable de faire l'effort d'aller jusqu'à 10 W ; cela permettra de faire la mise au point, particulièrement pour l'adaptation des impédances au point d'alimentation, en mesurant le ROS en position émission, l'émetteur étant réglé à faible puissance.

Lorsque la résistance optimale a été trouvée, l'aérien est mono directif .et favorise les stations situées côté résistance par rapport à l'antenne.

La résistance peut être omise, l'extrémité du fil restant libre, l'aérien est alors bi-directionnel et favorise toutes les stations situées dans le sens du fil, de quelque côté qu'elles se trouvent; il reste toujours directif dans les autres directions.

Les figures 4 et 5 donnent les diagrammes de rayonnement dans le plan vertical, de la même antenne, chargée par sa résistance optimale. La figure 6 donne un exemple de commutation à distance de la résistance R : pour un fil orienté Nord-Sud par exemple, avec une résistance côté Sud, cela permet de passer instantanément d'une antenne favorisant la direction Sud (résistance en place), à une antenne recevant aussi du Nord (résistance débranchée).

Les selfs de choc peuvent être des classiques R100, et l'on a tout intérêt à opter pour un relais alimentable en 24 volts alternatifs.

L'utilisation d'une tension alternative permet

d'éviter des phénomènes de polarisation des prises de terre. L'usage d'une tension de 24 V permet de fonctionner avec des courants plus faibles qu'en 6 V ou 12 V, et donc de s'accommoder de prises de terre médiocres.

En effet, le courant du relais revient, lui aussi, par la terre, et des terres trop résistives empêcheraient tout fonctionnement du système en trop basse tension. D'un autre côté, il est fortement déconseillé pour des raisons de sécurité, de dépasser 24 V, d'où ce choix.

S'il est fait l'utilisation d'un relais continu, il faut effectuer le redressement en double alternance au niveau du relais comme indiqué sur la figure, cette méthode permet de conserver un courant alternatif à travers les prises de terre.


PRISES DE TERRE

Les prises de terre doivent assurer le retour des courants HF reçus par le fil, afin de créer l'image électrique de l'antenne dans le sol; elles doivent assurer aussi, si nécessaire, le retour du courant du relais jusqu'à la station. Un simple pieu enfoncé dans le sol risque, dans certains cas, d'être insuffisant pour cette dernière fonction (sol caillouteux, rocher).

Seule l'expérience pourra montrer si le relais accepte ou non de coller. Pour ce qui concerne les courants HF, de mauvais contacts avec la terre abaissent le rendement de l'aérien; cela n'est pas catastrophique dans la mesure où il ne sert qu'en réception, mais il ne faudrait quand même pas exagérer dans ce sens.

A l'opposé, des plans de sol aussi élaborés que ceux destinés aux verticales quart d'ondes (plusieurs dizaines de radians longs d'au moins lambda/4) seraient peut-être superflus ici.

On se contente souvent d'un à deux mètres carrés de grillage à mailles fines enterrés à quelques dizaines de centimètres de profondeur et réunis à un pieu de terre planté en son centre. Le contact, tant électrique que capacitif avec le sol, semble être correct pour cette application.

Signalons une utilisation possible à cet effet de plaques grillagées en tôle étamée, destinées, en maçonnerie, à être fixées au plafond avant plâtrage.

LONGUEUR DU FIL

La théorie montre que le gain de l'aérien augmente quand la longueur du fil augmente, et que parallèlement, sa directivité augmente et son angle de départ s'abaisse sur l'horizon. Il semble donc, à priori, que l'on ait intérêt à utiliser les fils les plus longs possibles.

l'expérience montre cependant qu'il n'est pas nécessaire, dans la pratique, de dépasser 4 ou 5 longueurs d'ondes, ce qui n'est déjà pas si mal sur 80 ou 160 m. Cela peut s'expliquer pour plusieurs raisons:

1 - l'aérien devient très directif pour les très grandes longueurs de fil, et son exploitation devient frustrante en trafic courant puisqu'il ne donne des résultats que dans une direction très (trop) précise.

Cela devient par contre un avantage si l'on désire favoriser une direction très particulière. Si le terrain où sont installés les aériens le permet, il est possible aussi d'en disposer un grand nombre, en étoile, rayonnant tout autour de la station.

La figure 7 donne l'ouverture exploitable de l'antenne en fonction de sa longueur ; pour l = 5 lambdas (ouverture 44°), on peut conclure que huit antennes permettraient de couvrir toute la planète; la moitié suffit (disposées en demi cercle), si on les rend bi-directionnelles par commutation de la résistance.

2 - L'angle de départ s'abaisse très fortement sur l'horizon pour les très grandes longueurs de fil, et il n'est pas évident, sur les bandes basses, que des signaux, même DX, puissent arriver avec des angles totalement rasants; d'autant plus que l'antenne Beverage fonctionne en polarisation verticale, et que, contrairement à ce que l'on croit souvent, sur sol réel, la polarisation verticale a des performances réduites pour les angles de départ trop faibles.

C'est dur pour le mythe de la polarisation verticale et du DX, mais c'est comme ça. Seul un très bon sol, c'est-à-dire de l'eau ! (salée), peut rattraper la situation.

3 - Enfin, mais surtout pour les grandes longueurs d'ondes, un déphasage progressif du courant le long du fil, ferait qu'au-delà d'une certaine longueur, il serait trop déphasé par rapport à l'onde incidente pour que les courants induits soient cumulatifs, d'où une chute du gain.

D'un autre côté, la question se pose de savoir quelle est la longueur minimale que l'on puisse donner à cette antenne sans qu'elle perde toutes ses propriétés.

Sur ce point, une longueur d'onde semble être un minimum à respecter, bien que certaines expériences aient pu donner quelques résultats avec des longueurs inférieures; mais en fait, ,n'importe quel fil peut donner un résultat intéressant le jour où, par

hasard, un de ses creux de rayonnement correspond à une station brouilleuse, et un de ses maximums tombe sur la station convoitée.

Tous les chasseurs de DX sur les bandes basses savent déjà qu'il est bon pour la réception, de pouvoir commuter rapidement entre les diverses antennes disponibles à la station afin d'adopter dans chaque cas celle qui donne le meilleur rapport signal sur brouillages.

Les figures 4 et 5 donnent les lobes de rayonnement dans le plan vertical pour des antennes Beverage chargées ou non, longues de 3 lambdas. Les figures 8, 9, ainsi que 10 et 11 donnent ces lobes de rayonnements pour des longueurs de 4 et 5 lambdas. Ces courbes sont bien entendu théoriques ; dans la pratique, les creux ne sont pas aussi marqués et ne tombent pas à zéro (réjections non infinies).

HAUTEUR DU FIL

Le principe de l'antenne Beverage veut que le fil soit proche du sol, sinon il s'agit d'une antenne " long fil", chargée ou non.

L'antenne peut être très basse, quelques dizaines de centimètres, mais, dans ce cas, elle risque d'être rapidement détruite par le passage des hommes ou des animaux. Pour cette raison, on adopte le plus souvent des hauteurs de l'ordre de 2 m et au-dessus, mais en évitant de dépasser 3 mètres; 4 m étant un grand maximum.

Certaines expériences ont montré qu'à chaque hauteur de fil correspondait une longueur optimale au-delà de laquelle le gain commençait à baisser, les longueurs précédentes de 3 à 5 lambdas s'accommodent parfaitement d'une hauteur comprise entre 2 et 3 mètres.

Cette relation hauteur longueur est d'ailleurs loin d'être critique, et, dans le domaine amateur, c'est le plus souvent la disposition des lieux qui impose aussi bien la hauteur que la longueur de l'antenne.

DIAMETRE DU FIL

Un gros diamètre de fil tend à améliorer le rendement de l'aérien. Dans les applications amateur, il n'est pas nécessaire, cependant, d'aller très loin dans ce domaine, et, à condition d'utiliser du fil de cuivre, des diamètres compris entre 1 et 3 mm conviennent parfaitement.

Vues les longueurs nécessaires, on adopte généralement le fil dont on dispose déjà, ou celui que l'on peut acquérir au meilleur prix. Le diamètre choisi doit simplement assurer la solidité de l'ensemble en fonction du vent, de la neige éventuelle et de l'espace entre les supports.

Comme pour tout ce qui est antenne, le fil de fer est à éviter.

Des versions militaires ou professionnelles de l'antenne Beverage utilisent trois fils parallèles disposés en triangle, espacés de 40 cm à 1 m, et réunis régulièrement entre eux (au niveau des supports) afin de simuler un fil de gros diamètre. C'est la méthode du prisme, utilisée dans les antennes d'émission afin d'obtenir un diamètre apparent important, et améliorer ainsi la bande passante de l'aérien.

BANDE PASSANTE ET ADAPTATION DES IMPEDANCES

L'antenne Beverage est essentiellement une antenne apériodique puisque assimilable à une ligne chargée par son impédance caractéristique.

Son impédance d'attaque est donc égale à celle de la charge R, quelle que soit sa longueur ou sa fréquence d'utilisation, dans la mesure où la longueur du fil dépasse la longueur d'onde la plus grande sur laquelle on désire travailler.

Même non chargée (antenne bi-directionnelle),l'expérience montre que la proximité du sol, grâce (pour une fois) aux pertes qu'il induit, rend l'antenne peu sélective; l'impédance d'attaque dans ce cas n'est quand même pas parfaitement constante et se retrouve supérieure à 500 Ohms pour les longueurs de fil correspondant à des multiples de lambda/2, et inférieure à 500 Ohms pour des longueurs multiples impaires de lambda/4.

Le système permettant d'attaquer parfaitement une antenne Beverage, quelle que soit la longueur du fil, quelle que soit la fréquence, et que l'aérien soit chargé ou non, est donné figure 12. Il Y est fait utilisation d'un circuit accordé jouant le rôle de transformateur d'impédances; le rapport du nombre de spires primaire/secondaire adapte la partie résistive de l'impédance de l'antenne aux 50 ou 75 Ohms de la ligne coaxiale; le condensateur ajustable et la self, une fois l'accord trouvé, compensent les éventuelles composantes capacitives ou selfique de l'aérien.

Pour la mise au point, il suffit de se mettre en émission à puissance réduite, avec un ROS mètre inséré sur la ligne coaxiale, et de rechercher la prise P sur la bobine, et la position du condensateur ajustable, qui donnent un ROS de 1/1.

L'inconvénient de ce système d'adaptation, est que l'antenne est alors strictement mono bande, et qu'il faut choisir une fois pour toutes entre la version chargée et la version à extrémité libre (sauf chance, si les réglages trouvés sont identiques dans les deux positions).

Pour travailler en multi bande avec ce système d'adaptation d'impédances, il est possible de prévoir une commutation des circuits accordés, par relais par exemple (figure 13).

En version chargée, l'impédance d'attaque est quasiment résistive, et constante sur de grandes plages de fréquences, il est donc préférable d'utiliser un système d'adaptation d'impédances apériodique à tore de ferrite comme indiqué figure 14.

Le tore est à choisir en fonction des bandes désirées (1,8 à 7 MHz par exemple). Il doit par ailleurs être capable de supporter la puissance qui lui sera appliquée dans la phase de mise au point (20 à 25 watts selon l'émetteur).

La mise au point consiste à rechercher les valeurs Pet S des nombres de spires primaire et secondaire qui donnent le ROS le plus faible sur chacune des bandes souhaitées. avec et sans résistance de charge.

On retient finalement le rapport qui donne le meilleur compromis sur les différentes bandes.

Le tableau 1 donne les valeurs de ROS relevées avec trois rapports de transformation, sur 80 et 40 mètres, avec un fil long de 130 mètres, placé à 3 mètres du sol et chargé, ou non, par une résistance de 470 Ohms (fil de 2 mm de diamètre).

La solution 3 spires -10 spires donne des résultats parfaitement acceptables dans toutes les situations.
Il ne faut pas, en fait, se polariser sur un ROS strictement égal à 1/1 pour une antenne dont les pertes sont plus dues au sol qu'à la ligne qui l'alimente. On peut s'estimer satisfait si le ROS reste inférieur ou égal à 2/1 dans toutes les circonstances d'utilisation.

Les mêmes essais sur une Beverage de 70 m ont permis d'obtenir un ROS inférieur à 1,8/1 sur 40 mètres, et inférieur à 1,8/1 sur 80 mètres. Comme on le voit, le fait que l'antenne soit plus courte que la longueur d'onde n'interdit pas une adaptation correcte, par contre, les performances en trafic sont médiocres dans ce cas.

En fait, les deux antennes ci-dessus présentent des ROS corrects sur toutes les bandes décamétriques, jusque, et y compris, sur 28 MHz, mais l'expérience montre que leur utilisation est sans intérêt en DX sur les bandes hautes.

EFFET DES PARTIES VERTICALES

L'intérêt d'une antenne Beverage réside dans sa directivité, or, deux parties de l'antenne sont susceptibles de capter des ondes venant de toutes les directions, et donc de gâcher totalement les performances de l'aérien: il s'agit des deux parties verticales, côté alimentation et, en version chargée, côté résistance.
En effet, si la partie horizontale est située à 2 ou 3 mètres du sol, on a de chaque côté deux ou trois mètres de fil vertical faisant office de verticales raccourcis, et susceptibles de ramener des signaux importants à la station.

La figure 15 donne une méthode, adoptée chez l'auteur, pour annuler le signal reçu par la partie verticale, côté transformateur d'adaptation des impédances.

Un deuxième fil, de même longueur que la partie verticale d'alimentation, est placé en parallèle, à quelques centimètres de celle-ci. Ce deuxième fil est laissé libre à son extrémité supérieure. Il est relié, à sa base, à un deuxième enroulement secondaire comportant le même nombre de spires que le premier, mais bobiné en sens inverse.

Sur le plan pratique, les deux secondaires sont bobinés en même temps afin d'obtenir la meilleure symétrie possible, et les sorties de l'un sont inversées par rapport à celles de l'autre. Les signaux identiques, captés par les deux fils, induisent donc des courants en opposition de phase dans les deux bobinages, les champs créés s'annulent, il n'y a pas de signal transmis au récepteur. Par contre, les signaux provenant de la partie horizontale de l'aérien ne concernent qu'un seul des deux bobinages secondaires et sont transmis normalement au récepteur. Côté résistance, cette méthode de compensation ne peut être appliquée, il faut donc placer la résistance en haut de la partie verticale, ainsi que le relais destiné à rendre l'antenne bi-directionnelle.

Le câble coaxial sera posé au sol (mais gare aux lapins qui aiment ça) ou même légèrement enterré, directement ou dans du drain, ce qui lui évitera de capter des signaux nuisibles à la directivité de l'antenne.

TENSIONS INDUITES

Les antennes Beverage courent le plus souvent sous les antennes d'émission, elles sont donc l'objet de courants induits importants pendant les périodes d'émission. Les tensions ainsi ramenées au niveau de la station entraînent parfois des instabilités de l'émetteur et des auto-oscillations. Il est alors nécessaire, soit

de court-circuiter les câbles coaxiaux des Beverage pendant les périodes d'émission (relais commandés par l'émetteur), soit d'adopter des limiteurs de tension à diodes comme indiqué figure 16.

Le condensateur est nécessaire si l'on désire alimenter le relais d'extrémité à travers la ligne coaxiale et le fil d'antenne lui-même. La self de choc peut être une R1 00.

COMMUTATIONS COTE RECEPTEUR

Il est important de pouvoir se connecter rapidement aux diverses antennes de réception disponibles à la station, y compris à celle servant à l'émission, mais de toujours émettre sur celle qui est prévue à cet effet, sinon gare aux tores et aux résistances d'extrémité en cas d'erreur.

La plupart des transceivers modernes permettent l'utilisation d'antennes séparées pour la réception, et les vieux appareils sont suffisamment aérés pour qu'une modification dans ce sens soit faisable. La figure 17 donne un exemple de commutations entre deux antennes Beverage orientées Nord Sud pour l'une et Est Ouest pour l'autre, et un dipôle demi onde servant principalement à l'émission.

En émission, le transceiver alimente directement l'antenne destinée à cet effet (le dipôle demi onde).
En réception, par contre, cette antenne est ressortie à l'arrière du transceiver, et la partie récepteur dispose de son entrée directe. Toutes les commutations sont dès lors possibles, elles n'affecteront Que la réception. En position " dipôle " , le dipôle revient sur le récepteur après passage à travers des atténuateurs commutables 0, 5, 10, 15,20 et 30 dB. En effet, même avec des transceivers modernes, il peut être rentable d'atténuer légèrement les signaux reçus par l'antenne principale; la qualité de la réception se trouvant alors améliorée par la diminution des produits d'inter modulation.

Il faut savoir que 10 dB d'atténuation sur la bande concernée se traduisent par 30 dB de moins pour les produits d'inter modulation susceptibles de venir brouiller le signal désiré.

Les Beverage fournissent des signaux entre 10 et 20 dB plus faibles que ceux du dipôle, l'insertion permanente d'une quinzaine de décibels d'atténuation dans la chaîne du dipôle permet, lors des commutations entre antennes, de ne pas avoir de sauts brutaux dans la force des signaux moyens reçus, et de mieux estimer les variations de rapports signal sur brouillages.

En position " Sud " ou " Ouest ", l'antenne Beverage correspondante attaque directement le récepteur; comme les relais d'extrémité ont été câblés en position fermée au repos, les résistances sont branchées et les antennes sont mono directives. En position " Nord- Sud " ou " Est- Ouest ", l'antenne Beverage correspondante attaque toujours directement le récepteur, mais en plus, une tension de 24 volts est injectée sur le câble coaxial. Le relais concerné, en bout d'antenne, est alimenté, la résistance est déconnectée, l'antenne est bi-directionnelle.

L'ANTENNE BEVERAGE EN EMISSION

Certains essais ont été menés, professionnels et militaires, pour utiliser l'antenne Beverage en émission.
Afin de compenser son mauvais rendement, il est alors nécessaire d'utiliser du fil de gros diamètre (ou plusieurs fils en parallèle), des prises de terre élaborées, de travailler sur un sol bon conducteur et enfin d'installer plusieurs antennes parallèles entre elles et alimentées en phase afin que le gain du groupement arrive à compenser les pertes de chacun des composants.

L'intérêt se situe alors non dans le gain absolu, qui est faible, mais dans la directivité en émission de l'aérien ainsi obtenu. Cet intérêt est limité dans le domaine amateur, si bien que cette antenne n'est utilisée chez nous qu'en réception.

RESULTATS PRATIQUES

Il ne faut pas s'attendre, lorsqu'on installe une antenne Beverage, ou tout autre antenne d'ailleurs, à voir disparaître les stations européennes, et à recevoir 59 les stations des antipodes.

On constate, à l'usage, que les stations rapprochées sont reçues environ 15 dB plus faibles sur les Beverage que sur un dipôle moyennement dégagé; mais que, dans certains cas, selon la direction dans laquelle se trouve le correspondant, les stations DX ne sont reçues que 10 ou 5 dB plus faibles que sur le dipôle.

Cela entraîne que, dans ces cas là, les stations DX étant moins atténuées que les brouillages rapprochés, le rapport signal recherché sur signal brouilleur s'est amélioré de 5 à 10 décibels.
Ce n'est pas mal, et cela permet souvent une écoute plus agréable du correspondant (moins pénible, surtout!), et parfois, la réalisation d'une liaison normalement impossible sur l'antenne d'émission.

CONCLUSION

On peut dire que: vu le faible prix de revient de cette antenne, vu sa facilité d'installation, vu sa discrétion, si la disposition des lieux le permet, l'expérience est intéressante à tenter.

André Ducros F5AD

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